Chapitre 3 – Comment se forment les prix sur un marché ?

Objectifs d’apprentissage

  • Savoir illustrer la notion de marché par des exemples
  • Comprendre que dans un modèle simple de marché des biens et services, la demande décroit avec le prix et que l’offre croît avec le prix et être capable de l’illustrer.
  • Comprendre comment se fixe et s’ajuste le prix dans un modèle simple de marché et être capable de représenter un graphique avec des courbes de demande et d’offre qui permette d’identifier le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre.
  • A l’aide d’un exemple, comprendre les effets sur l’équilibre de la mise en place d’une taxe ou d’une subvention.

Découvrez en vidéo : La notion de marché : définition et illustration

Durée : 4:14


Découvrez en vidéo : L’offre et la demande en fonction des prix

Durée : 7:47

Approfondissement : Taxe, pentes des courbes et surplus

Notions : Équilibre partiel ; taxe et déplacement de la courbe d’offre ; impact d’une taxe sur le prix et la quantité d’équilibre

Document 1 : Le marché du rosé pamplemousse

Document 1 : Le marché du rosé pamplemousse

Document 2 : Types de boissons alcoolisées bues par les adolescents selon la classe

On vous rappelle que la vente d’alcool est interdite aux mineurs de moins de 18 ans et l’abus d’alcool est dangereux pour votre santé… on vous recommande le pamplemousse sans rosé plutôt que le rosé pamplemousse 🙂

Document 2 : Types de boissons alcoolisées bues par les adolescents selon la classe

Document 3 : Article paru sur le blog du Sénat le 14 novembre 2019

Santé : le Sénat alourdit la taxation des vins aromatisés

La bouteille de rosé pamplemousse à trois euros la bouteille, c’est bientôt de l’histoire ancienne. Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020, le Sénat vient d’adopter ce 14 novembre une taxe sur les boissons aromatisées à base de vin, par 245 voix, contre 71. Par leur marketing et leur saveur, ces alcools aromatisés visent une clientèle qui n’a pas l’habitude de consommer de l’alcool, notamment les jeunes. Un véritable problème de « santé publique », selon le rapporteur général, le centriste Jean-Marie Vanlerenbergue.

Les débats passionnés, se sont amorcés mercredi après minuit, et ont repris à l’ouverture de la séance dans la matinée. Malgré l’opposition combative de sénateurs élus de départements viticoles, redoutant que la mesure rate sa cible en affaiblissant la filière française, l’hémicycle du palais du Luxembourg a suivi l’Assemblée nationale. Une taxation de trois euros par décilitre d’alcool pur, frappera ces produits à compter du 1er janvier 2020. Elle alimentera le budget de la Sécurité sociale. Les indications géographiques protégées et autres appellations d’origine contrôlées, de même que les cidres et les poirés, sont exclus du champ de la taxe.

Une « porte d’entrée » des jeunes vers la consommation d’alcool, selon Agnès Buzyn

L’an dernier, une mesure similaire avait déjà été adoptée au Sénat, mais n’avait pas abouti à l’Assemblée nationale (…) Une taxe sur les prémix (mélange d’une boisson non alcoolisée avec un alcool, comme la vodka) existait déjà depuis 2004. Elle s’était traduite par un recul significatif des ventes des produits. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a défendu l’extension du champ de cette taxe aux vins aromatisés, estimant que ces boissons constituent une « porte d’entrée » dans la consommation d’alcool. (…) Publié par Guillaume Jacquot sur publicsenat.fr

Questions :

  1. Le schéma du document 1 montre l’offre et la demande sur le marché du rosépamplemousse.
  • Expliquez pourquoi l’offre est croissante, et pourquoi la demande est décroissante.

La demande sur le marché résulte de l’agrégation des demandes individuelles. De même, l’offre sur le marché résulte de l’agrégation des offres individuelles.

La « loi de la demande » stipule que la relation entre les prix et les quantités demandées est décroissante.
Bonus : c’est parce que plus le prix d’un bien est cher, moins le consommateur a de « pouvoir d’achat », sa contrainte budgétaire se resserre et il consomme moins. De plus, plus le prix d’un bien est cher, plus le consommateur va essayer de se reporter vers d’autres produits.

La « loi de l’offre » stipule que la relation entre les prix et les quantités offertes est croissante
Bonus : vous verrez en première que c’est en relation avec la structure des coûts.

Nota Bene : Observez bien que sur le graphique, le PRIX est en ORDONNEES, et les QUANTITES sont en ABSCISSES. Vous vous trompez souvent, ou vous trouvez ça confus ? Lire l’explication et le moyen mnémotechnique ici

  • Expliquez où s’établit l’équilibre et pourquoi.

L’équilibre s’établit au point E, point de rencontre de l’offre et de la demande.
En effet, pour le prix p* , il y a autant de bouteilles de rosé-pamplemousse demandées que de bouteilles de rosé-pamplemousse produites et en vente. Si le prix était inférieur à p* , il y aurait plus de personnes qui voudraient boire du rosé-pamplemousse, mais il y aurait moins d’entreprises pour en produire (ou chaque entreprise aurait intérêt à en produire moins puisque ce serait moins rentable…) Il y aurait excès de demande.

Si le prix était supérieur à p* , il y aurait beaucoup d’entreprises qui souhaiteraient commercialiser davantage de rosé-pamplemousse, ce serait si rentable ! Mais beaucoup de consommateurs trouveraient le bien trop cher et renonceraient à en boire ou réduiraient leur quantités consommées (pour se tourner vers du cidre, moins cher, ou même boire moins et faire des économies tout simplement). Il y aurait excès d’offre.

Ce n’est que pour le prix p* qu’il y a exactement autant de bouteilles demandées que de bouteilles en vente sur le marché. C’est un équilibre. Et la quantité d’équilibre est q*.

  1. Si on taxe l’offre de prémix, que va-t-il se passer pour la courbe d’offre sur le marché du rosé-pamplemousse ? Tracez l’offre taxée sur le schéma du document 1.

Lorsqu’on taxe l’offre, la courbe se déplace parallèlement vers le haut et la gauche du schéma.

Pour un même prix, les entreprises vont maintenant offrir moins de bien, car elles ont une taxe à payer.

Prenons un exemple. Si le rosé-pamplemousse est vendu au prix p1, les entreprises, sans taxe, en produisent une quantité q1 à vendre (c’est la quantité qui correspond à p1 sur la courbe d’offre sans la taxe). Avec la taxe, pour le prix p1, les entreprises ne vendent que la quantité q2. Pourquoi ? Parce que quand les consommateurs payent p1, les entreprises n’empochent plus p1. Elles doivent s’acquitter de la taxe d’un montant t. Du coup, elles ne reçoivent que le prix p1-t. Et pour ce prix, sans taxe, elles offraient la quantité q2. Donc elles vont offrir la quantité qui correspond à ce qu’elles empochent, c’est-à-dire p1-t, et non pas la quantité qui correspond au prix payé par le consommateur.

Lorsque l’offre est taxée, la courbe d’offre se déplace vers le haut et vers la gauche : pour un même prix sur le marché, les entreprises offrent une quantité moindre, car elles s’acquittent de la taxe et empochent un montant inférieur.

Schéma 1 de la question 2
  1. Sur le graphique du document 2, lisez le pourcentage d’adolescents inscrits en classe de seconde qui ont bu un premix dans le mois. Comparez ce pourcentage à celui des adolescents ayant consommé de la bière dans le mois.

Le graphique nous indique que 40% des élèves inscrits en classe de seconde ont bu un premix dans le mois, alors que plus de 70% des élèves inscrits en classe de seconde ont bu de la bière dans le mois, soit une différence de plus de 30 points de pourcentage.

  1. Dans le document 2, on lit : « Une taxe sur les prémix (mélange d’une boisson non alcoolisée avec un alcool, comme la vodka) existait déjà depuis 2004. Elle s’était traduite par un recul significatif des ventes des produits. » Est-ce cohérent d’après vous avec ce que vous savez de l’incidence d’une taxe ? Vérifiez si votre graphique aboutit à cette même conclusion.

Avec un raisonnement graphique, on voit que l’équilibre lorsque l’offre n’est pas taxée se situe en E1. Pour cette situation, la quantité de prémix échangée sur le marché est de q1. Si on taxe l’offre, la courbe se déplace vers le haut et la gauche, et un nouvel équilibre vient s’établir en E2. La quantité échangée est désormais de q2Il est donc logique qu’on observe « un recul significatif de la vente des produits » lorsqu’un bien est taxé.

Schéma 1 de la question 4
  1. D’après le document 3, la taxe viserait à financer la sécurité sociale. D’après vous, sont-ce les consommateurs de rosé-pamplemousse qui vont payer cette taxe, ou les producteurs ?

Les deux !! le montant de la taxe se partage entre les consommateurs et les producteurs : les consommateurs payent un prix plus cher, mais les producteurs reçoivent un prix moins élevé qu’avant. Ils font chacun un effort pour payer la taxe.

Bonus : Qui fait le plus d’effort ?
Cette question sera développée l’année prochaine, en première. Mais si le consommateur et le producteur mettent la main à la patte, l’un des deux va payer davantage que l’autre. C’est celui qui est le moins sensible au prix, le plus rigide, qui va payer la plus grosse partie de la taxe. Si le consommateur est complètement accro au rosé-pamplemousse, le producteur va pouvoir lui faire payer une grande partie de la taxe car le consommateur acceptera de payer beaucoup plus cher. Si en revanche le consommateur est prêt à se détourner vers du cidre ou de la bière à la moindre variation de prix, et que le producteur doit absolument écouler ses stocks de rosé-pamplemousse, c’est le producteur qui acceptera de prendre en charge la plus grosse partie de la taxe…


Découvrez en vidéo : Comment se fixe et s’ajuste le prix sur un marché

Durée : 8:11

Exercice 1 : application

Arthur et Saskia sont friands de myrtilles sauvages. Ils en achètent régulièrement, mais bien entendu la quantité qu’ils consomment dépend du prix du marché. On va supposer dans cet exercice que le marché de la myrtille sauvage est un marché concurrentiel

Voici les plans de demande de chacun d’eux:

Prix en SchmilblikQuantité demandée par Arthur (en kg)Quantité demandée par Saskia (en kg)
19.59.8
29.09.6
48.09.2
67.08.8
86.08.4
105.08.0
152.57.0
181.06.4
200.06.0
250.05.0
300.04.0
400.02.0
500.00.0

Questions :

  1. On décide de représenter graphiquement les deux plans de demande dans un repère. Faut-il mettre les prix en abscisses et les quantités en ordonnées, ou les prix en ordonnées et les quantités en abscisses ?

On représente les prix en ordonnées et les quantités en abscisses. C’est une CONVENTION. C’est très important de le retenir, car TOUS les schémas seront présentés dans ce sens, et si tu essaies de mettre les axes dans l’autre sens, tu risques vraiment de t’emmêler les pinceaux plus tard (pour les raisonnements sur les taxes et les subventions par exemple).
Tu peux chercher ton moyen mnémotechnique. Par exemple, si tu traces un repère et que tu notes les axes de gauche à droite, donc les ordonnées en premier, les abscisses en deuxième, tu écris d’abord « P » puis « Q ». PQ. Ça peut te paraître contre-intuitif, car les agents prennent leurs décision en fonction des prix… !! c’est pour ça qu’on a parfois la tentation d’inverser les axes… mais il FAUT RESPECTER LA CONVENTION du PRIX en ORDONNEES et des QUANTITES en ABSCISSES pour être surs de bien se repérer.

Alfred Marshall

Pourquoi représente-on le prix en ordonnées et la quantité en abscisses ?

Ce serait long de l’expliquer et ça sort du programme de lycée, mais c’est à cause d’Alfred Marshall. C’est lui qui a raisonné avec ces représentations graphiques le premier, c’était en 1890. Et vu son air respectable, on continue de les utiliser comme il les a dessinées.
Retiens juste qu’il faut toujours mettre le prix en ordonnées, et la quantité en abscisses !

  1. Trace les plans de demande d’Arthur et Saskia dans un repère. Pourquoi les demandes de chacun sont-elles décroissantes ?
Schéma 1 de la question 2

Il suffit de tracer quelques points correspondant aux quantités demandées en fonction des prix et de les relier. On obtient deux droites décroissantes. Moins la myrtille sauvage est chère, plus Arthur et Saskia veulent en consommer.
En effet, dans le cas général, plus le prix d’un bien est bas, plus les consommateurs sont disposés à en acheter, notamment parce que leur contrainte budgétaire se desserre à mesure que le prix baisse.

Pour tracer la droite de demande, on prend deux points du plan de demande de chaque personne. En reliant ces points, on trouve la courbe de demande !

  1. Lequel des deux est le plus sensible aux variations de prix de la myrtille ?

C’est Arthur le plus sensible au prix : quand le prix de la myrtille augmente, il diminue sa consommation de myrtille plus vite que Saskia.
Si le prix du kilo de myrtille sauvage augmente de 2 schmilblicks, Arthur abandonne volontiers 1 kilo de myrtilles sauvages. Par exemple, si, au lieu de 8 schmilblicks le kilo, la myrtille passe à 10 schmilblicks le kilo, il en consommera 5 kilos plutôt que 6. Il ne va pas non plus se ruiner pour de la myrtille sauvage. Saskia, elle, ne renonce qu’à 400 grammes de myrtille sauvage pour la même variation de prix. Sa demande est plus verticale que celle d’Arthur, elle est moins sensible au prix. Elle adore la myrtille et s’en privera plus difficilement qu’Arthur.

  1. Voici une représentation de l’offre totale et de la demande totale sur le marché de la myrtille sauvage. Comment est-on passé d’Arthur et Saskia à la demande totale ?
Schéma 1 de la question 4

La demande totale additionne l’ensemble des demandes individuelles.
Si la myrtille sauvage était à 1 schmilblick le kilo, Saskia en achèterait 9,8 kilos et Arthur 9,5 kilos soit 19,3 kilos en tout. Mais d’autres consommateurs existent sur ce marché : Ginette, Marcel, … Il faut additionner aussi leurs demandes de myrtille sauvage lorsque le prix annoncé est de 1 euro le kilo. Puis procéder de même pour d’autres prix. Si la myrtille sauvage se vendait à 10 schmilblicks le kilo, Saskia en achèterait 8 kilos, et Arthur 5, soit 13 kilos pour ces deux consommateurs, auxquels viendraient s’ajouter les kilos demandés par tous les autres consommateurs sur ce marché.

  1. D’après le schéma précédent, quel est le prix d’équilibre sur le marché de la myrtille ? Combien Arthur et Saskia consommeront-ils de myrtille sauvage à ce prix ?

Le prix d’équilibre est celui qui égalise l’offre totale et la demande totale.
Ici, la rencontre de l’offre et de la demande est réalisée pour le prix de 18 schmilblicks. A ce prix, Saskia en consommera 6,4 kilos et Arthur 1 kilo.

  1. Saskia raffole tellement de myrtille sauvage qu’elle voudrait organiser une grande soirée sur ce thème pour ses 18 ans, avec cocktails à la myrtille, chips à la myrtille, pièce montée à la myrtille, et pourquoi pas remplacer les confettis par des myrtilles ? Elle aurait besoin pour cela de 10 kilos de myrtilles, mais elle n’est pas prête à payer le prix de marché pour une si grande quantité. Elle décide d’aller négocier un tarif de gros avec le maraîcher de son quartier, grâce à son extraordinaire bagout. A votre avis, va-t-elle y arriver ? De quels paramètres cela dépend-il ?

L’énoncé dit que le marché de la myrtille sauvage est concurrentiel. Saskia n’a donc aucune chance. Elle est preneuse de prix, comme tous les agents sur ce marché. Ni elle ni aucun autre acheteur ou vendeur ne peut influer sur le prix. Le maraîcher n’a aucune raison de lui faire une faveur : ses myrtilles seront vendues au prix du marché quoiqu’il arrive. Si Saskia n’en veut pas à ce prix, quelqu’un d’autre les lui achètera. De la même manière, s’il tentait de vendre le kilo de myrtille légèrement plus cher, Saskia irait chez un autre maraîcher trouver ses myrtilles.

  1. Supposons que Saskia échoue dans sa démarche. Le maraîcher ne lui vendra pas ses myrtilles en dessous du prix du marché. Elle ne peut donc pas en avoir autant qu’elle en voudrait pour sa soirée d’anniversaire. En concluez-vous que le marché est rationné, qu’il y a un excès de demande, une pénurie ?

Non ! Il y aurait pénurie si Saskia ne trouvait pas autant de myrtilles qu’elle en souhaitait malgré sa volonté de payer le prix du marché. Dans cet exemple, le prix du marché est de 18 schmilblicks.
Si Saskia faisait le tour de tous les maraîchers du coin en sortant 180 schmilblicks de son portemonnaie, et que ceux-ci lui répondaient invariablement « Mademoiselle, je suis affreusement désolé mais nous n’avons plus de myrtilles », il y aurait pénurie. Dans notre exemple, Saskia est frustrée de ne pas avoir autant de myrtilles qu’elle en souhaiterait, mais ce n’est pas le résultat d’une pénurie. Le marché lui procurera toutes les myrtilles du monde du moment qu’elle accepte de les payer 18 schmilblicks le kilo.


Découvrez en vidéo : Les effets d’une taxe ou d’une subvention sur l’équilibre de marché

Durée : 6:56

Elkonomics

L’économie en se divertissant

Épisode 2 : Qu’est ce qu’un marché – Durée : 13:45
Épisode 3 : L’offre et la demande – Durée : 15:53