- Application – Le schéma du monopole pas à pas
- Etape 1 : On commence par tracer la recette moyenne
- Etape 2 : On ajoute sur le schéma la recette marginale
- Etape 3 : On ajoute sur le schéma le coût marginal
- Etape 4 : On repère le point où la recette marginale est égale au coût marginal
- Etape 5 : On reporte à quelle quantité correspond le point Cm=Rm
- Etape 6 : On reporte le prix que va pratiquer le monopole
- Approfondissement : Ententes et oligopoles
- Application : Marché de l’électricité, faut-il un monopole?
- Application – Pouvoir de marché
Application – Le schéma du monopole pas à pas
Cet exercice doit vous permettre de comprendre la construction du schéma de l’équilibre du monopole.
Etape 1 : On commence par tracer la recette moyenne
- Pourquoi la recette moyenne du monopole se confond-elle avec la demande pour chaque niveau de prix ?
La recette moyenne du monopole, c’est ce que le monopole gagne par unité vendue, c’est donc le prix auquel il vend le bien. La recette moyenne est différente pour le monopole et pour l’entreprise en concurrence pure et parfaite :
=> en concurrence pure et parfaite, l’entreprise est « preneuse de prix ». Ça veut dire qu’elle est toute petite face au marché. Quelle que soit la quantité qu’elle décide de produire, elle vendra cette quantité au prix de marché, p. La recette moyenne de l’entreprise en CPP est constante.
=> en monopole, l’entreprise est « faiseuse de prix ». Elle sert toute la demande. Le prix auquel elle va pouvoir vendre sa production dépend de la quantité qu’elle produit. Si elle produit une toute petite quantité, elle va pouvoir la vendre cher aux quelques consommateurs fanatiques de son produit. Si elle veut produire et vendre une grande quantité, elle va devoir baisser son prix. C’est la droite de demande qui donne le prix que les consommateurs sont disposés à payer pour chaque quantité, donc la demande donne le prix auquel le monopole peut vendre chaque quantité, c’est-àdire sa recette moyenne.
Etape 2 : On ajoute sur le schéma la recette marginale
- Pourquoi la recette marginale est-elle décroissante ?
La recette marginale, c’est ce que rapporte la dernière unité produite. Plus le monopole produit, plus il doit baisser son prix pour écouler sa production (sachant que toutes les unités seront vendues au même prix!) Donc la dernière unité produite par le monopole rapporte de moins en moins.
- Pourquoi la recette marginale est-elle placée sous la recette moyenne ?
La recette moyenne est décroissante, c’est donc que la recette marginale est endessous… C’est toujours comme ça pour la marge et la moyenne !! Prenons comme exemple votre moyenne en SES. Si vous avez une moyenne actuellement à 15, et que votre professeur vous rend une dernière note (la marge) en-dessous de 15, votre moyenne va baisser. Pour que la moyenne baisse, il faut que la dernière unité qu’on y ajoute soit en-dessous.
Etape 3 : On ajoute sur le schéma le coût marginal
- Pourquoi le coût marginal est-il croissant ?
Le coût marginal du monopole est le même que celui du producteur en concurrence pure et parfaite. Ça ne change pas ! On considère que la dernière unité est de plus en plus difficile à produire, c’est pour ça que le coût marginal est croissant.
Etape 4 : On repère le point où la recette marginale est égale au coût marginal
- Pourquoi ce point est-il important ?
L’entreprise (en monopole comme en concurrence) a intérêt, pour maximiser son profit, à continuer de produire tant que la dernière unité produite (la recette marginale) rapporte plus qu’elle ne coûte (le coût marginal), c’est-à-dire qu’il faut produire jusqu’au moment où la recette marginale est égale au coût marginal. Ce point doit donc être repéré sur le graphique.
Etape 5 : On reporte à quelle quantité correspond le point Cm=Rm
Etape 6 : On reporte le prix que va pratiquer le monopole
- Comment fait-on pour connaître le prix du monopole ?
On ne peut pas lire le prix directement à partir du point Cm=Rm, car LE PRIX CORRESPOND A LA RECETTE MOYENNE et pas à la recette marginale ! Le monopole choisit d’abord sa quantité idéale Q* , on doit donc d’abord reporter cette quantité Q* sur l’axe des abscisses à partir du point d’équilibre Cm=Rm, puis le monopole cherche à quel prix il peut écouler cette quantité en utilisant la droite de demande : les consommateurs sont disposés à acheter la quantité Q* pour un prix p*. C’est en effet la droite de demande qui donne pour chaque quantité le prix que les consommateurs sont disposés à payer.
Bonus : quand une entreprise est en concurrence pure et parfaite, elle est preneuse de prix. Le prix apparaît comme une droite horizontale. Quelle que soit la quantité qu’elle vend, elle la vendra toujours au prix p. Donc p est à la fois la recette moyenne (ce que l’entreprise obtient par unité.
Approfondissement : Ententes et oligopoles
Notions : Oligopole ; théorie des jeux ; dilemme du prisonnier.
Document 1 : Le dilemme du prisonnier appliqué à une situation de duopole
En juillet 2019, l’autorité de la concurrence a ouvert une enquête visant les acteurs du marché de la compote, soupçonnés de s’être entendus sur leurs pratiques tarifaires.
Supposons pour simplifier que 2 entreprises se partagent l’offre sur le marché de la compote : Andros et Charles & Alice. Les deux entreprises ont un pouvoir de marché : elles peuvent choisir de pratiquer toutes les deux des prix élevés et servir une demande moindre, mais faire un plus gros profit, ou de pratiquer des prix plus bas et servir une demande plus importante, mais faire un profit plus faible. Bien évidemment, si l’une pratique un prix plus bas que l’autre, elle va récupérer une grande partie de la demande de compote et augmenter ses profits.
La matrice suivante montre des gains fictifs pour chaque entreprise en fonction de la stratégie de chacune. Chaque entreprise a 2 stratégies possibles : coopérer (C) en pratiquant un prix élevé, ce qui permettrait à tout le monde de faire des profits plus importants, ou faire défection (D) en pratiquant un prix bas, ce qui permettrait de récupérer une clientèle plus importante au détriment de l’autre entreprise. Mais si les deux font défection, les profits sont plus bas pour chacune.
Document 2 : Très lourde amende pour « entente » contre des entreprises de livraisons de colis
Les entreprises d’un secteur en grande difficulté peuvent-elles à titre exceptionnel s’entendre pour relever leurs prix et enrayer leurs pertes ? Non, trois fois non.
La crise dans une branche ne peut ni justifier ni excuser des comportements anticoncurrentiels. « Dans ce genre de cas, l’entente est au contraire la pire des solutions, affirme Bruno Lasserre, le président de l’Autorité de la concurrence. Il faut que les acteurs économiques le comprennent une fois pour toutes. Elles se croient protégées par leurs ententes, et cela les dissuade de s’attaquer à leurs problèmes structurels. Cela ne fait que repousser les solutions de fond. »
Tel est le vigoureux message envoyé par le gendarme français de la concurrence avec sa décision rendue mardi 15 décembre concernant les sociétés de transport de colis. Une décision spectaculaire. Alors que ce métier de la messagerie est sinistré depuis des années, l’Autorité a choisi d’infliger à vingt des principales entreprises et à leur fédération patronale une sanction financière massive. Ensemble, Geodis, DHL, Chronopost, FedEx et les autres vont devoir payer 672 millions d’euros. Cela en fait la deuxième sanction la plus lourde de l’histoire de l’Autorité de la concurrence (…)
Des sociétés qui ne roulent pas sur l’or
(…) Cette fois-ci, les sociétés dans le collimateur de l’Autorité de la concurrence ne roulent pas sur l’or, loin de là. Depuis des années, le secteur du transport de colis souffre de surcapacités, et les prix suffisent à peine à couvrir les frais de la plupart des opérateurs. En 2009, quand toute l’économie a plongé, la profession a même globalement perdu de l’argent. De nombreuses entreprises ont mis la clé sous la porte. (…) A la clé, des licenciements par milliers. Ces difficultés récurrentes expliquent sans doute que les entreprises aient tenté d’agir ensemble pour remonter leurs tarifs.
Ce sont deux sociétés à capitaux allemands qui ont vendu la mèche. Leurs dirigeants ont révélé l’affaire à l’Autorité de la concurrence, et fourni des documents, afin de bénéficier de la procédure dite de clémence. Les deux entreprises se voient ainsi condamnées à des sanctions bien inférieures à celles qu’elles auraient encourues sinon.(…)
Lors de la procédure, les groupes de messagerie ont affirmé que, compte tenu des surcapacités dans le secteur, l’éventuelle entente n’avait eu que des effets « très limités » sur les prix pratiqués. Et qu’elle n’avait pas empêché les dépôts de bilan de Sernam et Mory.
Mais pour l’Autorité, les faits sont avérés, l’entente a duré au moins six ans, et les dommages causés aux clients sont élevés. « La quasi-totalité du tissu industriel et commercial français a été affectée par ces pratiques », en particulier les entreprises de commerce par Internet qui livrent leurs produits par colis, dit-on rue de l’Echelle.
Le gendarme de la concurrence se défend toutefois d’avoir eu la main très lourde. (…) « A chaque fois que nous avions une marge de manœuvre, nous l’avons utilisée à la baisse », assure M. Lasserre. Pas de quoi apaiser le ressentiment des entreprises condamnées.
« Les pénalités infligées aujourd’hui vont encore aggraver la crise structurelle qui frappe l’activité », réagit au contraire le syndicat TLF. (…) Sous prétexte de protéger un marché, l’Autorité de la concurrence risque de le « détruire », conclut TLF.
Extrait du Journal Le Monde, par Denis Cosnard, le 14 décembre 2015 [texte abrégé]
Questions :
- Comprendre le dilemme du prisonnier
- Lecture d’une matrice de gains : d’après vos connaissances de cours, comment se lit une matrice de gain ? Par exemple, en vous référant au document 1, si Andros coopère alors que Charles & Alice fait défection, quels seront les gains de chacun ?
Si Andros coopère et Charles & Alice fait défection, Andros va faire un gain de 3 et Charles & Alice un gain de 12, car les gains de Andros (joueur en ligne) sont par convention à gauche dans chaque parenthèse, et ceux de Charles & Alice (joueur en colonne) à droite.
EXPLICATIONS : Dans chaque case, par convention le gain à gauche est celui d’Andros (joueur 1 en ligne) et celui de droite celui de Charles & Alice (joueur 2 en colonne)
Si Andros coopère, il choisit la stratégie représentée dans sa ligne 1, il va obtenir 10 si Charles & Alice coopèrent aussi, ou 3 si Charles et Alice font défection :
Si Charles & Alice font défection, ils choisissent la stratégie représentée par leur colonne 2, ils vont obtenir 12 si Andros coopère, et 5 si Andros fait défection :
- D’après vos connaissances de cours, donnez la définition d’une stratégie dominante. Dans le cas présenté au document 1, y a-t-il une stratégie dominante qui se dégage ?
Une stratégie dominante est une stratégie qui rapporte le meilleur gain quelque soit le choix de l’autre joueur. Dans le jeu présenté au document 1, la stratégie dominante des deux joueurs est de faire défection.
Mettons nous à la place d’Andros. Si Charles & Alice coopèrent, Andros peut choisir de coopérer et avoir 10, ou faire défection et avoir 12. Si Charles & Alice coopèrent, Andros préfère faire défection.
Si Charles & Alice font défection, Andros peut choisir de coopérer et avoir 3, ou faire défection et avoir 5. Si Charles & Alice font défection, Andros préfère faire défection.
Dans tous les cas, quoi que fasse Charles & Alice, Andros préfère faire défection. C’est sa stratégie dominante.
Symétriquement, mettons-nous à la place de Charles & Alice. Si Andros coopère, Charles & Alice peuvent choisir de coopérer et avoir 10, ou faire défection et avoir 12. Si Andros coopère, Charles & Alice préfèrent faire défection.
Si Andros fait défection, Charles & Alice peuvent coopérer et avoir 3, ou faire défection et avoir 5. Si Andros fait défection, Charles & Alice préfèrent faire défection.
Dans tous les cas, quoi que fasse Andros, Charles & Alice préfère faire défection. C’est sa stratégie dominante.
Bonus : quand on se met à la place du joueur 1, on doit envisager l’une après l’autre les stratégies que peut adopter le joueur 2.
- Quel est l’équilibre du jeu présenté dans le document 1 ? Pourquoi est-ce un dilemme du prisonnier ?
Les deux joueurs vont jouer leur stratégie dominante, l’équilibre sera donc (D,D), et le gain sera de 5 pour chaque joueur. C’est un dilemme du prisonnier car la poursuite de l’intérêt individuel ne débouche pas sur l’intérêt collectif. On pourrait améliorer la situation des 2 joueurs.
- Comprendre l’application de la théorie des jeux à une situation d’oligopole
- D’après vos connaissances de cours, donnez une définition de l’oligopole, et une définition du pouvoir de marché.
Un oligopole est une structure de marché où quelques entreprises sont en concurrence mais où l’entrée de nouvelles entreprises n’est pas libre.
- Qu’est-ce qu’une interaction stratégique ? Pourquoi les oligopoles y sont-ils soumis ?
Une interaction stratégique est une situation où le gain de chaque acteur dépend de ce qu’il fait mais aussi de ce que font les autres acteurs. Dans le cas d’un oligopole, le profit que va faire une entreprise va dépendre de ses propres choix, mais aussi du comportement des autres entreprises avec laquelle elle est en concurrence sur le marché.
- Expliquez comment la théorie des jeux permet de comprendre que les oligopoles tendent soit vers une entente soit vers une exacerbation de la concurrence.
Le jeu présenté dans le document 1 montre que si chaque entreprise joue sa stratégie dominante, on tend vers une exacerbation de la concurrence, où les profits sont faibles pour chacune des parties. Mais comme les 2 entreprises feraient de meilleurs profits en coopérant, elles peuvent essayer de former une entente.
- Dans le document 2, expliquez la phrase en gras et en italique. Comment la rapportez-vous au jeu du dilemme du prisonnier ?
Même dans le cas d’une entente, certaines entreprises vont être tentées de « vendre la mèche » pour « bénéficier de la procédure dite de clémence ». Dans le vocabulaire de la théorie des jeux, les entreprises sont tentées de faire défection. Si la procédure de clémence leur permet de réaliser un meilleur bénéfice que celui qu’elles réalisent grâce à l’entente, il s’agit d’un dilemme du prisonnier. Si le bénéfice est moins grand qu’avec l’entente, il s’agit surtout d’une crainte que l’entente soit découverte par un autre biais (défection d’une autre entreprise ou enquête spontanée des autorités).
- Pourquoi l’autorité de la concurrence souhaite casser les ententes dans les cas généraux ? Le document 2 présente le cas particulier d’une industrie qui réalise collectivement des bénéfices très faibles voire des pertes. Comment l’autorité de la concurrence explique-t-elle que les sanctions soient tout de même adoptées dans de tels cas ?
Dans les cas généraux, les ententes sont cassées pour éviter que les oligopoles n’abusent de leur pouvoir de marché, c’est-à-dire pour éviter qu’elles fixent un prix supérieur au coût marginal de production. En effet, si le prix est trop élevé, les consommateurs sont désavantagés : leur surplus est moindre. De plus, si le prix est trop élevé, la quantité échangée sur le marché sera plus faible qu’en situation de concurrence. Il y a des échanges qui pourraient permettre un surplus collectif plus important qui ne se font pas pas pour que les entreprises fassent un profit plus important. Cependant, les entreprises de livraison de colis ne semblent pas faire de profit important. Au contraire, leur secteur réalise des pertes. L’autorité de la concurrence estime que ce n’est pas une excuse : la concurrence permet aussi d’éliminer les entreprises qui ne sont pas rentables, et de pousser à trouver la meilleure technologie de production. C’est pourquoi l’autorité de la concurrence a sanctionné ce secteur, pour que les réformes structurelles qui doivent y être faites soient mises en œuvre.
Application : Marché de l’électricité, faut-il un monopole?
Notions : Monopole ; Recette moyenne ; Recette marginale ; Coût marginal ; efficacité du monopole ; Preneur de prix / faiseur de prix.
Document 1 : L’équilibre du monopole
Document 2 : Article du journal Le Monde paru le 9 juin 2016
« En matière d’électricité, un bon monopole vaut mieux qu’un mauvais marché »
Pendant longtemps, l’électricité en France était produite, transportée et distribuée par un monopole public, EDF. (…) A partir des années 1990, le paysage est balayé par le souffle de deux courants largement idéologiques : la concurrence et l’Europe. Pour l’électricité, un modèle de marché va s’imposer.
(…) Tous les économistes savent que [le marché] est un formidable mécanisme pour raboter les rentes, susciter les innovations, générer l’efficacité. Mais ils savent aussi que cela est seulement vrai lorsque le marché fonctionne ; et qu’il ne fonctionne pas toujours. Ils ont depuis belle lurette dressé la liste des « pannes du marché » : présence d’externalités, biens publics purs, etc. Dans ces cas-là, le marché, incapable d’apporter ses admirables bienfaits, doit être ou corrigé ou remplacé.
Tel est justement le cas de l’électricité.
Tout d’abord, il n’y a pas de concurrence possible pour le transport et la distribution d’électricité (dont le coût est presque aussi élevé que le coût de la production d’électricité), qui restent donc des monopoles contrôlés. Qu’à cela ne tienne, on saucissonne la fourniture d’électricité en trois morceaux : production, transport et distribution. (…) La plupart des techniques de production de l’électricité (de l’hydraulique à l’éolien, en passant par le nucléaire) sont hautement capitalistiques : gros investissements, puis petites dépenses de fonctionnement. Le coût de production d’un kWh de plus (dit « marginal ») est principalement ce coût de fonctionnement – et il est inférieur au coût total.
Le prix qui s’établit sur le marché de gros de l’électricité reflète ce coût marginal. Le producteur qui vend à ce prix-là perd donc sa chemise. (…)
Le marché optimise sans doute l’usage des centrales existantes, mais sûrement pas la création de centrales nouvelles. Comme personne n’est prêt à investir dans un système structurellement déficitaire, l’ombre de la « Grande Panne » se profile à l’horizon. (…). En matière d’électricité, un bon monopole vaut probablement mieux qu’un mauvais marché.
Rémy Prud’homme, Professeur émérite de l’université Paris Est Créteil Val de Marne
Questions :
Question 1 : Comprendre ce que représentent la recette moyenne et la recette marginale pour le monopole
- Alors qu’un entrepreneur en concurrence pure et parfaite est « preneur de prix », on dit que le monopole est « faiseur de prix ». Expliquez ce que cette expression signifie. Est-ce que le monopole peut fixer le prix totalement comme bon lui semble ?
Un offreur est « faiseur de prix » s’il peut vendre le bien qu’il produit à un prix supérieur au coût marginal. Cependant, il doit avoir à l’esprit qu’il ne pourra pas écouler n’importe quelle quantité au prix choisi : il doit tenir compte de la demande. Alors qu’en concurrence pure et parfaite, le producteur peut écouler n’importe quelle quantité au prix de marché, le monopole va choisir un couple prix-quantité : pour un prix choisi, il aura un certain nombre de consommateurs prêts à acheter son bien.
Prenons l’exemple de Marcel qui produit scoubidous. => Si le marché du scoubidou est en concurrence pure et parfaite, et que le scoubidou s’échangecouramment à 1 schmilblick la douzaine, Marcel est preneur de prix : il ne peut pas vendre sa douzaine de scoubidous à 1,20 schmilblicks car les consommateurs se tourneront immédiatement vers ses concurrents. Si Marcel veut vendre des scoubidous, il doit les vendre à 1 schmilblick la douzaine. En revanche, du moment qu’il se plie à ce prix, il peut en vendre autant qu’il le souhaite. C’est à lui de choisir s’il est préférable de produire 2 douzaines, 20 douzaines ou 1000 douzaines de scoubidous.Il choisit la quantité produite, mais accepte le prix de marché.
=> Si maintenant Marcel a le monopole du scoubidou, il peut choisir à quel prix il vendra ses scoubidous, car les consommateurs n’auront personne d’autre vers qui se tourner. Cependant, s’il décide de vendre une douzaine de scoubidous pour 150 schmilblicks, il n’aura que 2 ou 3 consommateurs prêts à les lui acheter, car rares sont les grands fanatiques de scoubidous prêts à payer ce prix exorbitant. S’il vend ses scoubidous 3 schmilblicks la douzaine, il aura beaucoup plus de clients. Ainsi, quand il choisit le prix auquel il vend sa production (il est « faiseur de prix ») ce choix impose une quantité d’échange. Pour un certain prix, il y a un certain nombre de consommateurs prêt à acheter le bien. Marcel choisit désormais un couple prix-quantité.
- Qu’est-ce que la recette moyenne ? Donnez en une définition.
Il s’agit de la recette totale divisée par le nombre d’unité vendues, soit le montant rapporté en moyenne par une unité vendue. Si le monopole vend tous ses biens au même prix, il s’agit tout simplement du prix.
Bonus : Un producteur en monopole pourrait vendre son bien à différents prix, « selon la tête du client ». On ne se représente pas facilement l’idée pour un monopole de scoubidou, mais c’est le cas pour d’autres biens que vous avez en tête. Une place de théâtre peut être vendue à des prix différents selon l’âge du client par exemple. C’est le cas aussi des billets de train… Dans ce cas, la recette moyenne sera le prix moyen de vente du bien, mais si ce prix est le même pour tous, la recette moyenne est tout simplement égale au prix.
- Sur le graphique du document 1, il est écrit « demande = recette moyenne ». Comment expliquez-vous que les deux coïncident ? Si l’offre du monopole était éclatée entre plusieurs entreprises qui se faisaient concurrence, que se passerait-il ? est-ce que la recette moyenne correspondrait à la demande ? Sinon, à quoi correspondrait-elle ?
Comme précisé à la question 1, le prix auquel le monopole va vendre son bien dépend de la quantité qu’il va produire et inversement, car le monopole va servir toute la demande. C’est la courbe de demande qui indique la quantité que les consommateurs sont prêts à acheter pour chaque prix, c’est donc la courbe de demande qui indique au monopole le prix auquel il pourra vendre la quantité qu’il va choisir de produire, donc sa recette moyenne. Si une entreprise est en concurrence pure et parfaite, sa recette moyenne correspond aussi au prix auquel il va vendre sa production, mais ce prix est fixe et établi par le marché. En concurrence, l’entreprise est toute petite face au marché, et quel que soit la quantité qu’elle choisit de produire, elle l’écoulera au même prix qui se représente par une droite horizontale.
Exemple :
=> MONOPOLE. Marcel le roi du scoubidou va servir toute la demande de scoubidous représentée par la droite ci-contre. La droite de demande nous dit que pour un prix de 20 schmilblicks la douzaine, les consommateurs demandent 4000 douzaines de scoubidous. Si on baisse le prix à 10 schmilblicks la douzaine, les consommateurs demandent 8000 douzaines de scoubidous. Par conséquent, si Marcel décide de produire 8000 douzaines de scoubidous, il sait qu’il pourra vendre au prix de 10 schmilblicks la douzaine. Il ne pourra pas vendre plus cher cette quantité : au-dessus de 10 schmilblicks la douzaine, il y a des consommateurs que le scoubidou n’intéresse plus. S’il veut vendre plus cher, il doit produire moins. Donc quand Marcel choisit la quantité qu’il va produire, il regarde la demande pour savoir à quel prix il va pouvoir l’écouler. C’est la demande qui lui donne sa recette moyenne, la recette qu’il fera en moyenne par unité produite.
=> CONCURRENCE. Marcel le scoubidou modeste est tout petit face au marché. Il y a des milliers d’autres producteurs de scoubidous. Quand Marcel décide de produire plus ou moins, c’est une goutte d’eau dans le grand océan de la production de scoubidous. Marcel ne peut qu’observer à quel prix se vend couramment la douzaine de scoubidous, et choisir une quantité qu’il vendra de toute façon à ce prix, car quoiqu’il décide, ça ne changera pas le prix de marché. Qu’il choisisse de produire 2 ou 5 douzaines de scoubidous, il vendra toujours sa douzaine au prix de 5 schmilblicks, le prix de marché. Sa recette moyenne est donc une droite horizontale.
- Qu’est-ce que la recette marginale ? Donnez en une définition.
La recette marginale est ce que rapporte au producteur la dernière unité vendue.
- Sur le graphique du document 1, la recette marginale est décroissante. Pourquoi ? Si on était en concurrence pure et parfaite, comment serait la recette marginale ?
Le monopole ne peut pas vendre n’importe quelle quantité pour un même prix. Pour chaque prix qu’il fixe, il y a un certain nombre de consommateurs prêts à lui acheter son bien. S’il veut en vendre plus, il est obligé de fixer un prix plus bas. Ainsi, la recette marginale, ce que rapporte la dernière unité vendue, est de plus en plus basse, elle est donc décroissante.
Si on était en concurrence pure et parfaite, la recette marginale serait constante : n’importe quelle quantité se vendrait au prix de marché, donc la dernière unité vendue rapporterait toujours le même prix.
Question 2 : L’équilibre du monopole
- Supposons que le monopole, comme n’importe quelle entreprise privée, veuille maximiser son profit. Quelle quantité doit-il produire ? Expliquez pourquoi il s’agit de la quantité q(monopole) sur le schéma du document 1.
Le monopole va continuer de produire tant que la dernière unité qu’il a produite lui rapporte plus qu’elle ne coûte. C’est-à-dire tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal. Il s’arrête de produire quand Rm = Cm, ce qui sur le schéma du document 1 correspond à q(monopole).
- Sur le schéma du document 1, on vous reporte le prix p(monopole) que va fixer le monopole pour vendre son bien. Ce prix est-il égal au coût marginal ? Si on était en concurrence pure et parfaite, le prix serait-il plus ou moins élevé qu’avec le monopole ?
Si le monopole met en vente la quantité q(monopole), il peut l’écouler au prix p(monopole), qui est donné par la droite de demande (équivalent à la recette moyenne). En effet, la droite de demande rapporte le nombre d’unités demandées par les consommateurs pour chaque prix. On voit sur le schéma que ce prix est supérieur au coût marginal pour cette quantité. C’est parce que le monopole a un pouvoir de marché. Si on était en concurrence pure et parfaite, l’entreprise, vendrait une quantité telle que le prix soit égal au coût marginal. En concurrence pure et parfaite, le prix serait plus bas.
Question 3 : Application au marché de l’électricité
- Dans l’article du document 2, il est dit que la production d’électricité demande de gros investissements de départ mais ensuite qu’elle nécessite de « petites dépenses de fonctionnement ». Comment traduiriez-vous cela avec les notions d’économie que vous avez apprises ? Si la production d’électricité est assurée par un monopole, de quel type de monopole s’agit-il (d’après vos connaissances de cours) ?
Il y a un coût fixe important pour produire de la première unité d’électricité, ce coût représente une barrière à l’entrée. Ensuite, pour en produire d’autres, les dépenses sont « petites », cela signifie que le coût marginal de production est faible. Il peut donc s’agit d’un monopole « naturel ».
- Pourquoi l’auteur de l’article défend-il l’idée que le monopole est plus efficace que le marché pour la production d’électricité ?
Il y a un coût fixe important pour produire de la première unité d’électricité, ce coût représente une barrière à l’enDans le cas d’un monopole naturel, le coût marginal est très bas. Si on souhaite un marché concurrentiel pour vendre l’électricité, le prix de l’électricité sera égal à son coût marginal de production, donc le prix sera très bas. Il peut être si bas qu’il ne permette pas de couvrir les coûts fixes d’ouverture d’une centrale. L’auteur de l’article dit que cela pourrait conduire à une pénurie d’électricité.
Application – Pouvoir de marché
Questions :
- D’après vos connaissances, donnez une définition du pouvoir de marché.
Une entreprise a un pouvoir de marché si elle peut vendre le bien qu’elle produit à un prix supérieur au coût marginal de production.
- En France, les premiers opérateurs de téléphonie mobile étaient au nombre de 3 : Orange, SFR, et Bouygues Télécom. Lorsqu’un 4ème opérateur est arrivé sur le marché – Free – les prix des forfaits téléphoniques ont considérablement baissé. En déduisez-vous que les 3 opérateurs avaient un pouvoir de marché ?
Si l’entrée sur le marché d’autres entreprises a fait baisser le prix, c’est que les entreprises qui se partageaient le marché jusqu’alors pouvaient fixer un prix supérieur au coût marginal, donc oui, elles avaient un pouvoir de marché.
- Vous visitez un pays dans lequel la production de scoubidous est assurée par seulement 3 entreprises. Vous observez que le prix auquel sont vendus les scoubidous est égal à leur coût marginal de production. Les 3 entreprises productrices de scoubidous ont-elles un pouvoir de marché d’après vous ?
Si les entreprises sont peu nombreuses mais qu’elles ne peuvent pas tarifer à un prix supérieur au coût marginal, c’est qu’il n’y a pas de barrière à l’entrée même s’il y a très peu d’entreprises sur le marché (le marché fonctionne comme un marché concurrentiel, on dit que le marché est « contestable »). Les entreprises savent que si elles tentaient de pratiquer des prix plus hauts, elles seraient immédiatement concurrencées par de nouvelles entrantes. La menace de l’entrée des entreprises sur ce marché joue le rôle de la concurrence. Bien qu’elles soient peu nombreuses, ces entreprises n’ont pas de pouvoir de marché.
- Sur le marché des baskets, il y a un très grand nombre d’offreurs. Cependant, les consommateurs ne considèrent pas qu’une paire de baskets en vaille une autre, ils sont très sensibles à la marque de leurs baskets. D’après vous, les entreprises productrices de baskets ontelles un pouvoir de marché ?
Oui, si les consommateurs préfèrent certaines marques à d’autres, cela leur confère une forme de monopole de marque. On parle de concurrence monopolistique. Les marques prisées des consommateurs peuvent se permettre de fixer un prix plus élevé que le coût marginal de production, elles ont un pouvoir de marché.
- Les premières lignes de chemin de fer en France ont été réalisées par des compagnies privées qui assuraient à la fois la pose, la gestion des voies et la circulation des trains. Mais ces compagnies ont peu à peu fusionné jusqu’à constituer des monopoles régionaux, puis un monopole national. D’après vos connaissances, comment comprenez-vous que le réseau ferroviaire se soit progressivement organisé en monopole ?
Le réseau ferroviaire nécessite de gros investissements de départs (coût fixes importants) tandis que le coût marginal (faire circuler un train de plus, ou même un passager de plus) peut s’avérer faible. Il s’agit dans ce cas d’un monopole naturel.
- Si votre entreprise réalise une innovation, elle pourra déposer un brevet qui lui conférera un monopole d’exploitation pour une durée de 20 ans. Votre entreprise disposera-t-elle d’un pouvoir de marché ?
Oui, il s’agira d’un monopole lié à une barrière à l’entrée de type institutionnel qui vise à favoriser l’innovation. On permet à l’entreprise qui a investi dans la recherche et le développement de réaliser des profits plus élevés pour rentabiliser cet investissement.